Les violences dans le couple


Les violences conjugales sont de plus en récurrentes dans nos sociétés. si au temps jadis, elles se faisaient silencieusement, il est constaté que de plus en plus, les langues se délient et les cas sont exposés au grand publique. loin de vouloir l’accepter dans cette société dite moderne, essayons de comprendre cette flambée avec Koffi Ekissi Jean Armel, docteur en psychologie clinique et psychopathologie.
Vivre en couple n’est pas une chose facile et cela demande souvent de nombreux compromis.De nombreux problèmes viennent et souvent se transforme en violence au sein du couple. Il faut comprendre que Les origines de la violence conjugale résident à la fois dans l’individu, la famille, la communauté et la société. C’est la conjugaison de différents facteurs de risque qui explique la violence et non une cause unique et invariable.
Les facteurs individuels
Construction fragile de l’identité et blessures narcissiques
Antécédents de violence, en tant que victime ou témoin
Troubles psychologiques ou de la personnalité
Volonté de domination
Abus d’alcool, de médicaments et/ou toxicomanie (il n’existe pas de relation causale entre l’alcool et la violence, mais il peut faciliter l’expression d’une violence déjà présente)
Les facteurs relationnels et familiaux
Passé familial empreint de violence
Pouvoir inégalement réparti dans le couple
Dépendance affective pouvant aboutir à une volonté de possession
Faible capacité de communication, refus de la négociation
les facteurs communautaires
Coutumes et traditions autorisant le recours à la violence
Isolement ou faible insertion sociale
Pauvreté et exclusion
Les facteurs sociauxRapport de force historiquement inégal entre les femmes et les hommes, qui reste défavorable pour les femmes
Exploitation économique, sociale et sexuelle des femmes
Parti pris du respect de la sphère privée et négligence de l’Etat face à la problématique de la violence conjugale
Usage de la force pour résoudre les conflits au sein de la société
Fréquence et banalisation de la violence dans les médias
Héritage de systèmes d’éducation répressifs, autoritaires et/ou sexistes.
Pourquoi les victimes ne se détachent pas de leur bourreau
C’est une situation un peu complexe à expliquer et plusieurs raisons sont associées a se fait. En effet se libérer de quelqu’un qu’on aime n’est pas une chose aussi facile qu’on pourrait l’imaginer même en cas de violence. Lorsqu’une personne trouve une situation inconfortable et de violence, il va se produire une tension ou un inconfort psychologique (« je continue de vivre avec mon mari alors qu’il prend tout son temps à m’humilier à me violenter ». Ainsi, pour réduire cette tension la femme va se mettre dans un schéma de rationalisation c’est-à-dire, associé la violence de son mari à leur amour (la violence de son mari est le résultat de la manifestation de la jalousie et donc de son attachement). Elle estimerait que cette situation changera tôt ou tard.
Elle peut aussi ajouter à son système de croyances des cognitions qui seraient consistantes avec son comportement. Par exemple,s’il existe une dissonance entre la violence de mon mari et le fait qu’il s’occupe de moi, prend soin des parents. Pour réduire cette dissonance, elle va prétendre son mari fait trop pour elle (la maison, les enfants, les parents, son estime, sa réalisation de soi) et cela n’est rien à comparer la violence. Elle va donc juger bon demeurer dans cet environnement malgré les difficultés.
D’autres facteurs tels quels les facteurs culturels peuvent expliquer cet acharnement. On peut en effet s’attendre à ce que des femmes ayant une image traditionnelle du couple, dans laquelle la femme est dépendante de l’homme, ou une image négative de leur propre sexe, ou encore des représentations tolérant la violence, soient moins à même de s’affirmer et de se faire respecter dans le cadre d’une relation de couple, ces modèles intériorisés par la femme facilitent de plus en plus le recours du mari à la violence, une femme qui croit en la dépendance et l’autorité de l’homme sera nécessairement inférieure à l’homme. C’est une forme spécifique de domination qui engendre la violence, celle dans laquelle l’homme met son épouse en position d’infériorité en voulant avoir le dernier mot, en prenant seul les décisions, en la contrôlant, en obtenant sa soumission sexuelle et en la dévalorisant.
Le visage des personnes violentes
Il est difficile d’établir un profil psychologique à celui qui s’adonne à la violence sur son conjoint. Généralement, au cours de nos investigations, nous avons remarqué que beaucoup d’entre eux, ont des troubles de la personnalité, qui se forment autour de carences affectives et éducatives et qui entraînent des angoisses d’abandon.
Nous avons aussi remarqué que nombre d’hommes violents auraient souffert de maltraitance dans leur enfance. Quand ils ont subi des mauvais traitements ou des abus sexuels dans l’enfance, il leur arrive d’avoir recours à la violence, mais le plus souvent, à la suite de tels traumatismes, ils ont perdu leurs limites et ils sont plus vulnérables face à une agression. On peut donc avancer que les traumatismes de l’enfance, en fragilisant la personne et en modifiant sa personnalité, entraînent une plus grande perméabilité à la pression sociale.
Le profil psychologique de la victime
Tout comme pour l’homme violent, la femme battue peut venir de tous les milieux. Un portrait type ne peut pas être très précis car elle peut venir de toutes les couches de la société. Nous ne devons pas généraliser, mais les femmes qui sont dans des couples violents vont avoir certaines ressemblances, sont souvent attribuées au passé de la femme.
En effet, la femme qui a vu son père battre ou dominer sa mère sera plus propice au même traitement. Les actions de son père peuvent paraître normales et elle n’y trouvera rien d’anormal si elle subit les mêmes actions. Par contre, il faut faire attention car ce n’est pas le cas chez toutes les femmes. La violence psychologique va causer chez la femme battue un certain sentiment de culpabilité profonde. Elle va se questionner constamment afin de comprendre pourquoi son conjoint agit de telle sorte. La femme battue tentera à maintes reprises de ne pas offenser son conjoint afin qu’il ne se mette pas en colère. Le stress fera son apparition et la femme sera toujours dans l’inquiétude de gestes violents de la part de son conjoint. La peur et l’insécurité sont aussi des sentiments que la femme battue peut ressentir. Ces sentiments sont étroitement reliés à la violence psychologique verbale.Les menaces et tout autre avertissement violent vont amener la femme battue à être soumise à son conjoint par défaut de se faire agresser ou même tuer. La violence verbale que le conjoint utilise va aussi causer des pertes d’estime chez la femme et même la honte. La femme battue va se replier sur elle-même car elle aura trop honte d’elle pour aller chercher de l’aide. Le support des amis et même de la famille sera impensable pour la femme battue. Elle se croit dans un cercle vicieux sans sortie de secours. Le conjoint utiliser des expressions vulgaires et rabaisse l’intégrité de sa conjointe. Ceci est la pire forme de violence conjugale car elle peut mener la femme, dans certains cas, au suicide. Ces sentiments ne se retrouvent pas chez toutes les femmes battues. Ceci est un portrait d’ensemble, sans généralisation, qui donne un aperçu du problème de violence conjugale chez la femme.
Les causes des violences à l’égard des femmes
Dans le contexte Africain, « L’image de la femme dans la culture régnante est l’image de la femme dominée et soumise à l’autorité et chaque essai de détachement de cette image sera considéré comme un détachement des valeurs et des traditions de la société, qui mérite une sanction, et cette sanction peut prendre plusieurs images dont le droit de battre et même de tuer.».La femme malgré son évolution garde et vit toujours les mêmes difficultés que ce soit au sein de son foyer qu’au niveau social. La double valeur qui entoure la femme et sa vie personnelle n’a pas changé, elle est toujours accablée au tabou et au sacré, l’image externe de la femme s’est changée mais le contenu de leurs vies reste l’esclave des interdits qui ne résulte que la peur et l’angoisse.»